JESUS DE NAZARETH :
Les Evangiles selon saint Matthieu et saint Luc relatent la naissance et l'enfance de Jésus assez brièvement. Les auteurs feront remonter son ascendance à Abraham et à David. La naissance de Jésus sera annoncée à Marie par l'archange Gabriel (Annonciation). Jésus naîtra à Bethléem (Nativité), où Marie et Joseph s'étaient rendus pour le recensement. L'annonce de la naissance de Jésus sera faite à des bergers (Annonce aux bergers) qui se rassembleront autour de l'enfant. Le roi Hérode, craignant la venue du Sauveur annoncé par la Bible, organisera le Massacre des Innocents en faisant tuer tous les enfants de moins de deux ans. Marie et Joseph s'enfuiront en Egypte avec Jésus (Evangile selon saint Matthieu). La famille reviendra s'installer à Nazareth, en Galilée, quelques années plus tard.
La vie publique de Jésus commence avec la rencontre de Jean-Baptiste, vers 27. Ce prophète, qui revient d'une longue retraite dans le désert avec des Esséniens, annoncera sur les bords du Jourdain que le royaume de Dieu était proche. Il pratiquera le baptême par immersion, notamment celui de Jésus. Jean-Baptiste le désignera comme l'Agneau de Dieu (Evangiles selon saint Matthieu, saint Luc et saint Marc). L'Esprit-Saint, sous forme d'une colombe, se posera alors sur le Christ.
Jésus se retirera dans le désert pendant quarante jours pour méditer (la Tentation au désert), selon les Evangiles selon saint Matthieu et saint Luc. Jean-Baptiste, arrêté pour avoir reproché au roi Hérode d'épouser la femme de son frère, sera décapité à la demande de la fille du roi.
Jésus demandera aux disciples de Jean-Baptiste, des pêcheurs installés au bord du lac de Tibériade, de le suivre. André, Jean, Simon-Pierre et Jacques le Majeur seront les premiers Apôtres. Ils accompagneront Jésus en Galilée, puis à Capharnaüm.
Jésus commencera son enseignement, basé sur l'amour de Dieu pour les faibles et les pauvres. Il promettra le pardon et la vie éternelle pour les pécheurs. Cet enseignement fera partie du "Sermon sur la montagne" et des "Béatitudes". Le Christ basera une partie de son enseignement sur des paraboles. Vingt-cinq d'entre elles seront rapportées dans les Evangiles. L'enseignement de sa morale prendra le pas sur le strict respect des principes de la Loi juive.
Philippe, Barthélemy, Matthieu, Thomas, Jacques le mineur, Simon, Jude et Judas Iscariote rejoindront les quatre premiers Apôtres, anciens disciples de saint Jean-Baptiste. Le premier miracle interviendra lors d'un rassemblement de cinq mille personnes venues écouter Jésus dans un endroit désert. Ce dernier parviendra à les nourrir avec cinq pains et deux poissons (miracle de la multiplication des pains). Jésus, voyant les disciples bloqués dans une barque à contrevent, marchera ensuite sur la mer pour les rejoindre. Le vent se calmera alors.
Les Juifs orthodoxes, notamment des Pharisiens, ne parviendront pas à juguler la popularité de Jésus. Ce dernier poursuivra son enseignement en Galilée, avec ses disciples, et multiplera les guérisons sur des aveugles et des paralysés. Il se rendra à Béthanie, village proche de Jérusalem, où il provoquera la résurrection de Lazare (Evangile selon saint Jean).
La Transfiguration - révélation que Jésus est le Fils de Dieu - se produira quand Jésus emmènera ses disciples Pierre, Jacques et Jean sur le mont Thabor. "Et il fut transfiguré devant eux, son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière". Les prophètes Moïse et Élie apparaîtront aux disciples et une "voix de la nuée" dira : "Celui-ci est mon fils bien-aimé, qui a toute ma faveur; écoutez-le" (Evangiles selon saint Matthieu, saint Marc et saint Luc).
Jésus chassera les marchands du Temple de Jérusalem. Il affrontera ainsi les grands prêtres juifs, les scribes, les pharisiens et les sadducéens. Ceux-ci, craignant l'hostilité des Romains envers le peuple juif, parviendront à convaincre un Apôtre, Judas Iscariote, d'aider à l'arrestation de Jésus moyennant une récompense de trente deniers. Le 6 avril 30, lors du repas pascal de la Cène (le Dernier repas), Jésus annoncera la trahison et sa mort prochaine. Il prendra le pain à la fin du repas et dira en le rompant "Prenez et mangez, ceci est mon corps...". Puis il prendra la coupe et dira "Prenez et buvez, ceci est mon sang... vous ferez cela en mémoire de moi" .
Jésus se rendra au Mont des Oliviers avec ses disciples. Il leur annoncera qu'il ressuscitera d'entre les morts (Evangiles selon saint Matthieu et saint Marc) avant de se retirer les Jardins de Gethsémani pour méditer et prier. Judas Iscariote, accompagné de soldats et d'une foule, embrassera Jésus pour le désigner à ses futurs bourreaux.
Le Christ sera conduit devant le Tribunal des Juifs, le Sanhédrin (Evangile selon saint Jean) où Caïphe, le grand prêtre, lui demandera de dire s'il était ou non "le Christ, le Fils de Dieu" (Evangile selon saint Matthieu). Saint Pierre, qui a suivi Jésus et sera reconnu comme étant l'un de ses disciples, reniera son maître à trois reprises.
Le Tribunal condamnera Jésus pour blasphème mais ne pourra prononcer la peine de mort. Il sera amené à Ponce Pilate qui lui demandera "Es-tu le Roi des Juifs?" Jésus lui répondra "... ma royauté ne vient pas d'ici". Le gouverneur romain demandera aux prêtres juifs de choisir entre la libération du bandit Barabbas et la mort de Jésus. Ce dernier sera condamné.
Ponce Pilate dira, en se lavant les mains devant la foule : "Je ne suis pas responsable du sang de cet homme, cela vous regarde". Jésus sera flagellé et une couronne tressée d'épines, rappelant qu'il était le Roi des Juifs, lui sera enfoncée sur la tête. Jésus portera sa croix jusqu'au Golgotha avant d'être crucifié. Il décédera à trois heures de l'après-midi, sous les yeux de sa mère, Marie, ainsi que ceux de Jean et Marie Madeleine.
Jésus sera descendu de la croix par Joseph d'Arimathie et Nicodème, avant d'être placé dans un tombeau. Judas, accablé de remords, jettera son argent dans le Temple puis se pendra. Marie Madeleine, venue sur la tombe deux jours plus tard, la trouvera vide. Elle préviendra Pierre et Jean. Deux anges lui apparaîtront, ainsi que Jésus qui lui demandera de prévenir les disciples.
Jésus apparaîtra ensuite à divers témoins, disciples et Apôtres. Thomas, absent, ne sera convaincu qu'après avoir placé ses doigts dans les plaies du Christ lors d'une nouvelle apparition. Pierre, qui l'avait pourtant trahi, deviendra le chef des Apôtres et le premier des papes.
L'Ascension de Jésus se produira quarante jours après la Résurrection (Actes des Apôtres).
Les sources
Les propos de Jésus, qui n'a pas laissé d'écrits, seront rapportés par ses disciples, notamment les Evangélistes. Les historiens disposent également de documents non chrétiens et de la source juive pour alimenter leurs études sur la vie de Jésus.
Le Nouveau Testament, notamment les quatre Evangiles, les Actes des Apôtres et les Epîtres (lettres échangées entre les premières communautés) constituent les seuls éléments retenus par les chrétiens pour évoquer la vie du Christ. Ces écrits sont consignés sur environ 5 000 manuscrits complets ou fragmentaires datant de la période comprise entre l'an 50 et la fin du IIème siècle. L'Epître de saint Paul (50-63) est la source la plus ancienne. Elle est suivie de l'Evangile selon saint Marc (vers 70), des Evangiles selon saint Mathieu et saint Luc (vers 85), de l'Evangile selon saint Jean et de l'Epître de Clément de Rome aux Corinthiens (vers 95). Certains textes de cette période, considérés comme apocryphes (du grec caché), seront rejetés (Évangile des Egyptiens, de Matthias, de Thomas, des Ébonites).
Pline le Jeune, gouverneur de Bithynie vers 112, ainsi Tacite et Suétone, deux historiens romains, évoqueront la vie de Jésus.
Le premier écrira la lettre suivante à l'empereur Trajan, pour évoquer ses problèmes face aux premières communautés chrétiennes.
"Voici la règle que j'ai suivie envers ceux qui m'étaient déférés comme chrétiens. Je leur ai demandé s'ils étaient chrétiens. Ceux qui répondaient positivement, je les ai interrogés une deuxième puis une troisième fois, tout en les menaçant du supplice ; ceux qui ont persistés dans leur réponse, je les ai fait exécuter..."
"Face au supplice, des chrétiens se sont rétractés et ont confessé aux autorités que "toute leur faute ou toute leur erreur s'était bornée à avoir l'habitude de se réunir à jour fixe avant le lever du soleil, de chanter entre eux alternativement un hymne à Christ comme à un dieu, de s'engager par serment, non pas à perpétrer quelque crime, mais à ne commettre ni vol, ni brigandage, ni adultère, à ne pas manquer à la parole donnée, à ne pas nier un dépôt réclamé en justice. Ces rites accomplis, ils avaient coutume de se séparer et de se réunir encore pour prendre leur nourriture qui, quoi qu'on dise, est ordinaire et innocente. Même cette pratique, ils y avaient renoncé après mon édit par lequel j'avais, selon tes instructions, interdit les hétairies ... Je n'ai trouvé qu'une superstition déraisonnable et sans mesure. Aussi ai-je suspendu l'information, pour recourir à ton avis. L'affaire m'a paru mériter que je prenne ton avis, surtout à cause du nombre des accusés ; il y a une foule de personnes de tout âge, de toute condition, des deux sexes aussi, qui sont ou seront mises en péril. Ce n'est pas seulement à travers les villes, mais aussi à travers les villages et les campagnes que s'est répandue la contagion de cette superstition ; je crois pourtant qu'il est possible de l'enrayer et de la guérir..."
L'historien Tacite évoquera vers 116 les premières communautés chrétiennes dans ses Annales (XV, 44), et relatera la mort du Christ.
"Pour étouffer cette rumeur, Néron supposa des coupables (à l'incendie de Rome) et livra aux tourments les plus raffinés des gens, détestés pour leurs turpitudes, que la foule appelait chrétiens. Ce nom leur vient de Christ que, sous le principat de Tibère, le procurateur Ponce Pilate avait livré au supplice. Réprimée sur le moment, cette exécrable superstition faisait de nouveau irruption, non seulement en Judée, berceau du mal, mais encore à Rome, où tout ce qu'il y a d'affreux et de honteux dans le monde converge et se répand."
L'historien Suétone parlera également, vers 120, du comportement des premières communautés chrétiennes de Rome dans La vie des douze césars. Il évoquera ainsi un certain Chrestos, dans le chapitre consacré à la Vie de Claude, à propos d'une révolte qui secouera Rome en 49 : "Comme les juifs se soulevaient continuellement à l'instigation de Chrestos, il les chassa de Rome." L'auteur évoquera alors les supplices infligés aux chrétiens dans La Vie de Néron : "Sous le principat, furent édictées beaucoup de condamnations rigoureuses et de mesures répressives, mais non moins de règlements nouveaux. (...) on livra au supplice les chrétiens, sortes de gens adonnés à une superstition nouvelle et dangereuse, on interdit les ébats des conducteurs de quadrige, qu'un usage antique autorisait à vagabonder dans toute la ville en trompant et volant des citoyens pour se divertir. L'historien juif Flavius Josèphe né en 37, qui publiera à Rome l'histoire de son peuple, évoquera Jésus via son frère Jacques dans ses Antiquités juives (XX, 9, 1) : "Ananus rassembla le sanhédrin des juges et fit comparaître devant eux Jacques, le frère de Jésus, dit le Christ, ainsi que quelques autres ; il les accusa d'avoir violé la loi et les livra à la lapidation."
Autre source juive, le Talmud de Babylone (Sanhédrin, 43a) - rédigé au IVème siècle - indique : "La tradition rapporte : la veille de Pâques, on a pendu Jésus. Un héraut marcha devant lui pendant quarante jours, disant : "Il sera lapidé parce qu'il a pratiqué la magie et trompé et égaré Israël. Que ceux qui connaissent le moyen de le défendre viennent et témoignent en sa faveur." Mais on ne trouva personne qui témoignât en sa faveur et on le pendit la veille de pâques."
Le Coran, qui évoque Jésus dans 93 de ses versets, admet la naissance divine du Christ mais prétend que c'est un sosie qui sera crucifié. La sourate de Marie rapporte que l'Ange Gabriel lui annoncera la naissance d'un fils.
Les repères
Il est impossible de déterminer avec précision l'année de la naissance du Christ. Les habitants de Palestine ignoraient, en général, la date de leur venue sur la terre. Matthieu et Luc (Matthieu 2,1- Luc 1,5) situeront cette naissance sous le règne d'Hérode le Grand, peu de temps avant le décès de ce dernier en l'an 4 avant notre ère (Matthieu 2,19). Le fait de compter les années à partir de la naissance de Jésus, qui s'imposera en Europe à la fin du premier millénaire, se fonde sur les calculs erronés du moine Denys le Petit, au VIème siècle de notre ère.
Luc semble s'égarer en indiquant que Marie et Joseph se rendront à Bethléem à l'occasion d'un recensement organisé par Quirinius, légat de Syrie, en terre juive. Flavius Josèphe situe le mandat de Quirinius qu'à partir de l'an 6 de notre ère, soit dix ans après la mort d'Hérode.
Matthieu et Luc (Matthieu 2,1; Luc 2,4) indiquent que Jésus serait né à Bethléem. Marc et Jean sont silencieux sur ce point, ce dernier précisant toutefois l'origine galiléenne du Christ (Jean 7,41 42). Les historiens hésitent donc entre Bethléem en Judée et Nazareth en Galilée.
Jésus, appartenant à un milieu artisanal relativement aisé, parlait l'araméen, sa langue maternelle. Il aura des notions d'hébreu, apprendra à lire, et fréquentera la synagogue de Nazareth (Luc 4,17-19). Il rejoindra le prédicateur Jean Baptiste sur les bords du Jourdain, vers l'âge de trente ans, sera baptisé et deviendra l'un de ses disciples. Les premiers compagnons de Jésus, qui prendra la tête de sa propre communauté autour de l'automne de l'année 27, seront issus des milieux baptistes (Jean 1,35-51). L'Evangile selon saint Jean évoquera la Pâque de l'année 28 (Jean 2,13.23), de l'an 29 (Jean 6,4) et celle de l'année 30, la dernière.
La mort de Jésus interviendra au cours du mandat de Ponce Pilate, gouverneur romain de Judée de 26 à 36. Les sources écrites rapportent unanimement que Jésus décédera à Jérusalem un vendredi (Marc 15,42 - Jean 19,31). Selon les trois évangiles synoptiques de Luc, Marc et Matthieu, ce vendredi correspondait au jour de la fête de la Pâque juive, le 15 du mois de nisan. Jésus aurait pris le repas pascal avec ses disciples, la veille au soir (Marc 14,12). Jean nous apprend que Jésus décédera l'après-midi qui précédait la fête, le 14 (Jean 18,28). Sa version, qui correspond aux données fournies par le Talmud de Babylone (Sanhédrin, 43a), parait la plus vraisemblable si l'on admet la difficulté, pour l'occupant romain d'exécuter trois juifs le jour de la plus grande fête de l'année. En énumérant les 14 nisan tombant un vendredi au cours du mandat de Pilate, il semble que Jésus soit mort le vendredi 7 avril de l'année 30 de notre calendrier.
Le Talmud prétend que Jésus faillit subir la lapidation, un supplice typiquement juif (Sanhédrin, 43a). La décision de tuer Jésus aurait été prise après le scandale qu'il provoqua dans le Temple, peu avant la Pâque de l'année 30 (Marc 11,15-19). Les Sadducéens, sacerdotaux conservateurs, s'opposaient à l'enseignement du Christ ouvert sur la Torah, assez proche de celui des Pharisiens.
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